La dystocie et problèmes de la mise bas

La dystocie et problèmes de la mise bas

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Comment se déroule une mise-bas (accouchement) ?

La mise bas correspond à ce qu’on appelle chez l’homme l’accouchement. Chez la très grande majorité des animaux, ce processus se déroule normalement. Certaines complications peuvent néanmoins arriver. Les conséquences peuvent parfois être dramatiques (mort des chiots ou des chatons, ou plus rarement de la mère). Il faut d’abord comprendre comment se déroule normalement une mise-bas ainsi que les signes annonciateurs.

Les signes annonciateurs :

– Une à 2 semaines avant la mise-bas, on observe le développement des glandes mammaires et parfois de petites sécrétions lactées au niveau des tétines.

– 12 à 24 heures avant la mise-bas, la chienne peut s’agiter, chercher un endroit calme, refuser de manger ou chercher à créer un « nid ».

– Une observation de la vulve permet de voir un relâchement de celle-ci dans les 48 heures avant la parturition (mise-bas).

– Plusieurs heures avant (jusqu’à 72 heures) le bouchon muqueux de glaire cervicale peut fondre lorsque le col se dilate.

– La progestérone, hormone que l’on peut doser dans le sang de la mère chute 24 à 36 heures avant la mise-bas.

– Enfin, 8 à 24 heures avant la mise-bas, une chute de température rectale d’1°C est notée.

Les phases d’une mise-bas « normale » :

Phase de préparation (6 à 12 heures, parfois 24 heures) : agitation, inquiétude, isolement. Relaxation du col de l’utérus et parfois pertes claires au niveau de la vulve

Phase d’expulsion des chiots : Des sécrétions vert foncé (utéroverdine) normales sont expulsées quelques minutes et jusqu’à quelques heures avant le premier chiot. Les chiots sortent entourés d’une membrane que la chienne va lécher et déchirer dans les premières minutes. Cela va également permettre de déchirer le cordon ombilical et de stimuler la respiration. Entre chaque chiot expulsé, il se passe en moyenne 30 minutes.

Phase d’expulsion du placenta (délivrance) : Généralement ingéré par la mère (on ne le voit parfois pas), il peut sortir en même temps que le chiot ou après. Il est important de surveiller qu’il n’y ait pas de rétention placentaire (expulsion de tous les placentas de tous les chiots)

À partir du premier chiot, la durée totale varie entre 4 et 8 heures, mais peut durer jusqu’à 24 heures chez certaines chattes. Lorsque la mise-bas est terminée, des pertes rouges à vertes peuvent persister pendant plusieurs semaines.

chienne avec ses petits

Quelles peuvent être les causes d’une dystocie ?

La dystocie, est la difficulté à mettre-bas. Elle peut avoir des origines mécaniques liées à la conformation de la mère (ancienne fracture du bassin, anomalies des voies génitales, …), à la conformation des chiots (chiot mal engagé, patte repliée, fœtus de grande taille, anomalie de conformation, …), mais également des origines métaboliques (inertie utérine, hypocalcémie, hypoglycémie, …).

Certaines races sont par ailleurs prédisposées à la dystocie (Bulldog anglais, bouledogue français, Yorkshire Terrier, Chihuahua, … . Par ailleurs, si la chienne a déjà eu une césarienne pour une gestation précédente, il faudra être très vigilant pour les futures mise-bas.

Quels sont les signes d’une dystocie ?

Les signes qui doivent nous alerter sont nombreux :
– Le dépassement du terme (Plus de 65 jours de gestation). Les fœtus peuvent être en petits nombre ou morts.
– Baisse de la température rectale depuis plus de 24 heures.
– Inertie utérine (absence de contraction)
– Contractions abdominales présentes depuis plus de 12 heures, sans expulsion de fœtus.
– Depuis l’expulsion des premières pertes foncées, 6 heures se sont écoulées sans que le premier chiot ne soit expulsé.
– La chienne a des contractions puissantes mais sans expulsion associée depuis plus de 30 minutes
– Un délai de plus de 4 heures depuis le dernier chiot expulsé
– Les pertes sont sanguinolentes ou purulentes et malodorantes.
– La chienne est abattue, a de la fièvre, en état de choc…
– Diminution des efforts de contraction depuis plus de 2 heures
– Un chiot est coincé au niveau de la vulve

Comment se fait le diagnostic ?

Étant donné que les causes sont nombreuses, il faut comprendre l’origine de cette dystocie. Des examens complémentaires seront alors réalisés :
– Un bilan sanguin avec une glycémie, une calcémie, et une kaliémie (potassium) associé parfois à une numération de formule sanguine (vérification d’une éventuelle anémie).
– Des radiographies afin de compter et d’évaluer la taille des fœtus, mais aussi de juger leur position (chiot coincé, engagé, …)
– Une échographie afin d’évaluer la vitalité des fœtus (mesure de la fréquence cardiaque notamment)

Quel est le traitement adapté ?

Césarienne Dystocie

Traitement médical : Si aucune obstruction mécanique des voies génitales n’est observée, on administre de l’ocytocine, hormone stimulant la contraction utérine. On peut également, si c’est nécessaire administrer du glucose (sucre) ou du calcium. Enfin on aide la sortie des chiots par des manœuvres obstétricales.

Traitement chirurgical : la césarienne. Si des signes de souffrance fœtale sont observés, qu’une obstruction des voies génitale est présente ou est à prévoir, ou que le traitement médical n’a pas fonctionné, une césarienne est décidée en urgence. La chienne est préparée (tondue, initiation du nettoyage) puis anesthésiée à l’aide d’un protocole établi sécuritaire pour les chiots et la mère. Une laparotomie est réalisée (incision de l’abdomen) puis une incision est faite sur l’utérus. Les chiots sont alors rapidement extraits avant d’être transférés vers l’équipe qui va s’occuper de leur réanimation. De son côté, l’utérus puis l’abdomen et la peau de la mère sont suturés avant qu’elle ne soit rapidement réveillée.

Quels sont les risques et les complications possibles ?

Malgré une intervention rapide, plusieurs complications sont possibles, pouvant aller jusqu’au décès des chiots, plus rarement de la mère. Certains chiots ou chattons peuvent par ailleurs être mort-nés, ou apparaître très faibles après leur expulsion. Des infections de l’utérus (métrite) ou du lait (mammite) peuvent parfois être observés. Des saignements peuvent persister. Enfin des complications classiques de plaie peuvent être observées (infection, déhiscence des sutures, sérome, …)

Quels sont les soins post-opératoires ?

Juste après la mise bas, les petits, une fois stimulés ou réanimés sont placés au chaud en attendant le réveil complet de la mère. Un retour précoce à la maison est le plus souvent préférable.

Un contrôle de plaie sera réalisé 4 à 5 jours plus tard. Il est important de surveiller la qualité du lait (absence de mammite), les éventuels écoulements (absence de métrite), et de peser régulièrement les chiots pour vérifier leur prise de poids constante. La chienne devra observer un repos strict. Il lui sera interdit de sauter, courir, jouer, ou de monter ou descendre des escaliers. Les sorties ne se feront qu’en laisse courte, uniquement pour ses besoins. Douze jours environ après l’intervention, un contrôle de la plaie et un retrait des points seront réalisés.