L’ostéochondrite disséquante de l’épaule

L’ostéochondrite disséquante de l’épaule

Bandeau Languedocia

 

Qu’est-ce que c’est ?


L’ostéochondrose est une anomalie de la formation de l’os sous le cartilage des articulations chez le jeune animal en croissance. Pour une raison le plus souvent inconnue, le cartilage s’épaissit focalement jusqu’à ce que la partie profonde ne reçoive plus un apport nutritif suffisant et meurt. Cette petite portion de cartilage n’est alors plus attachée à l’os en dessous et peut se fissurer voire se détacher. C’est ce que l’on appelle l’ostéochondrite disséquante ou OCD. Ce fragment de cartilage est alors libre dans l’articulation et entraine de la gêne et de la douleur lors du mouvement.
L’origine précise de cette affection reste mal connue. Elle est certainement multifactorielle et comprends une part génétique. Un excès de protéines, de calories et de calcium a également été impliqué.
L’OCD existe également chez le chat mais elle reste extrêmement rare.

Comment suspecter une OCD chez mon chien ?

Chez le chien, l’OCD s’exprime particulièrement chez les grandes races, qui ont une croissance rapide. Les mâles sont deux fois plus affectés que les femelles. Parmi les races les plus concernées, on retrouve : les races retriever, le dogue allemand, le dogue de bordeaux, le berger allemand, le terre-neuve, le bouvier bernois, le rottweilers et bien d’autre.
Les signes cliniques se développent généralement entre 4 et 8 mois. Les animaux présentent le plus souvent une boiterie chronique qui persiste sous un traitement anti-inflammatoire. Ils présentent une douleur à l’hyperextension et à l’hyperflexion du membre ainsi qu’à la palpation de l’articulation.
L’épaule est l’articulation la plus fréquemment concernée par l’OCD (environ 65% des cas) néanmoins d’autres articulations peuvent être affectées comme le grasset et parfois le tarse voire les coudes.
Bien que la lésion d’OCD survient toujours pendant la croissance de l’animal, certains chiens ne présentent pas de signes cliniques lorsqu’ils sont jeunes, mais présentent de la douleur plus tard dans la vie, généralement à l’âge moyen, à la suite du développement d’arthrose.

Comment poser un diagnostic d’OCD ?

Le diagnostic repose en premier lieu sur l’examen orthopédique du vétérinaire. Des examens d’imagerie sont ensuite nécessaires pour confirmer et préciser les lésions.
Le diagnostic peut se faire par simple radiographie. Les lésions d’OCD de l’épaule se situent en général sur la face caudale de la tête humérale. Les radiographies permettent d’observer des lésions dites en « coup d’ongle ». Néanmoins, un examen scanner est souvent proposé car il est plus sensible et permet également d’explorer les autres articulations (coudes, hanches…) car l’OCD est fréquemment associée à d’autres anomalie articulaires.


Il est à noter qu’environ 50% des animaux qui présentent une OCD de l’épaule ont des lésions bilatérales.

Comment se traite une OCD de l’épaule ?


Le traitement médical (médicaments seuls) est rarement suffisant dans le traitement des OCD. La chirurgie reste à privilégier. L’intervention de référence consiste en une arthroscopie. Il s’agit d’introduire une caméra dans l’articulation pour visualiser et retirer le fragment de cartilage. La zone d’où il provient est également curetée afin de permettre la formation d’un fibrocartilage dans les semaines post-opératoire.

Cette intervention reste le meilleur choix pour une résolution rapide des douleurs articulaires et un retour optimal à une fonction locomotrice normale. Selon les études, environ 90% des patients ne montrent aucun signe de boiterie après la chirurgie, 8% conservent une boiterie légère, et 2% souffrent d‘une boiterie persistante plus importante.
Une autre intervention, plus récente mais également plus technique, consiste à remplacer le défaut de cartilage par une prothèse synthétique (le SynACART® d’Arthrex). Cette intervention prometteuse est réalisée au CHV Languedocia sur les genoux.
La rééducation et l’analgésie post opératoire, la cryothérapie et les exercices d’amplitude de mouvements passifs puis actifs sont recommandés dans les semaines suivant la chirurgie pour maximiser la vitesse de récupération.

 

Bibliographie

Olivieri, M., E. Ciliberto, D. A. Hulse, A. Vezzoni, F. Ingravalle, et B. Peirone. « Arthroscopic Treatment of Osteochondritis Dissecans of the Shoulder in 126 Dogs ». Veterinary and Comparative Orthopaedics and Traumatology: V.C.O.T 20, no 1 (2007): 65-69.
Vezzoni, Aldo, Luca Vezzoni, Silvia Boiocchi, Alda Miolo, et Ian Gordon Holsworth. « A Modification of the Cheli Craniolateral Approach for Minimally Invasive Treatment of Osteochondritis Dissecans of the Shoulder in Dogs: Description of the Technique and Outcome in 164 Cases ». Veterinary and Comparative Orthopaedics and Traumatology: V.C.O.T 34, no 2 (mars 2021): 130-36.
Tobias-Johnston : Veterinary surgery : small animal Volume 1, chapter 50. Edition Elsevier, 2018